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Ce qu’il faut retenir du rapport sur les rendements du nuage 2022

Par Angelique Medina & Chris Villemez
| | 18 minutes de lecture

Résumé

Cet article présente les principaux enseignements de l'édition 2022 du rapport sur les rendements du nuage et analyse les écarts notables de rendement et d'architecture entre AWS, Microsoft Azure et Google Cloud.


ThousandEyes a publié la troisième édition du rapport sur les rendements du nuage, qui examine et compare les données sur les rendements et les architectures réseau des trois principaux fournisseurs de nuage public : Amazon Web Services (AWS), Microsoft Azure et Google Cloud. Le rapport analyse et compare ces fournisseurs à l'aide de données chiffrées. Il s'appuie sur des valeurs paramétriques et des mappages réseau collectés pendant une période de trois ans, et fournit une vue globale sur les rendements et les comportements des principaux fournisseurs de nuage public.

Depuis la précédente édition de ce rapport en 2019, l’utilisation de services infonuagiques a augmenté de façon exponentielle. Aujourd'hui, les charges de travail infonuagiques prennent en charge un très grand nombre de services numériques. Le moindre problème de rendement a donc des répercussions sur la disponibilité d'un plus grand nombre de services et de systèmes dépendants qu'auparavant. Pour comprendre les raisons et l'origine de ces problèmes, les équipes responsables des opérations informatiques (ITOps) ont besoin de visibilité, alors même que les applications sont de plus en plus distribuées, axées sur des API et dépendantes du nuage. Le rapport sur les rendements du nuage a donc pour objet d'aider les entreprises à obtenir une visibilité sur leurs déploiements et dépendances nuage, et non de recommander un fournisseur plutôt qu'un autre. 

En d'autres termes, connaître les spécificités du fonctionnement et des éventuelles anomalies du réseau de chaque fournisseur de services infonuagiques permet aux équipes informatiques de prendre des décisions plus abouties.

Le rapport sur les rendements du nuage présente la manière dont chaque fournisseur gère son réseau ainsi que les différents niveaux de rendement auxquels il faut s'attendre. Ce faisant, il répond à plusieurs questions stratégiques :

  • Quels points de visibilité permettent de connaître le niveau de rendement et de qualité de mes services infonuagiques?
  • Comment planifier en toute confiance le déploiement de piles d'applications résilientes basées dans le nuage?
  • Comment optimiser au mieux mes applications compte tenu de la connectivité et des comportements spécifiques du réseau de mon fournisseur?
  • Quelles questions poser à mon fournisseur de services infonuagiques pour assurer les rendements dont j'ai besoin et pouvoir augmenter ma consommation selon mes besoins?

L'état actuel des services infonuagiques

Les réseaux nuage publics sont devenus des composants essentiels de l'infrastructure des entreprises, qui utilisent de nombreux services infonuagiques au quotidien. L'adoption massive des logiciels-services complique le travail des équipes ITOps chargées de résoudre les problèmes. Face à cet entremêlement complexe d'interdépendances, il est difficile pour les équipes informatiques de définir des stratégies fiables d'évaluation, de supervision et d'optimisation des applications déployées. L'utilisation des services infonuagiques étant majoritairement centralisée, les conséquences d'une panne du nuage sont nombreuses. Or, les équipes ITOps ou SRE peinent généralement à en déterminer l'origine. Sans compter que les entreprises utilisent plusieurs nuages publics, voire une combinaison de nuages publics et privés, qui compliquent encore plus les enquêtes techniques.

Les responsables de l'architecture informatique ont besoin d'être rassurés sur la fiabilité de leur fournisseur de services infonuagiques[PC1] . Bien sûr, les problèmes de rendement ponctuels n'épargnent personne, mais toute la question est d'en comprendre l'origine. Pour déployer les services infonuagiques modulables et distribués modernes, vous devez disposer d'une visibilité à tous les niveaux. Les responsables de l'architecture doivent pouvoir répondre aux questions suivantes :

  • Quelle est la connectivité réseau fournie par le fournisseur de services infonuagiques et quel rendement me permet-elle d'obtenir?
  • Quel est le niveau d’appairage entre mon fournisseur et les autres fournisseurs de services infonuage et de services de transit?
  • Quel est le rendement de mon fournisseur entre les régions du nuage qu'il couvre et entre les zones de disponibilité de ses services?

Conclusions du rapport

Voici quelques points importants qui sont détaillés dans le rapport sur les rendements du nuage.

Conclusion 1 : Les décisions des fournisseurs de services infonuagiques concernant leur architecture ont des répercussions sur les rendements et les opérations de leurs clients. Les architectures des trois principaux fournisseurs de services infonuagiques diffèrent dans leur manière de mettre en avant les points terminaux de service, de masquer les chemins réseau sous-jacents et d'exploiter les infrastructures partagées, et ces différences ont des conséquences pour leurs clients.

Conclusion 2 : Si les rendements réseau sont généralement bons dans les régions du nuage [PC1] des marchés matures, les problèmes ne sont pas rares dans d'autres régions du monde, comme l'Asie. Depuis 2019, les trois fournisseurs ont largement optimisé les rendements de leurs réseaux. Nous avons toutefois constaté des variations de latence importantes.

Conclusion 3 : Tous les fournisseurs de services infonuagiques rencontrent des problèmes de rendement dus au trafic provenant des utilisateurs de Chine continentale. La traversée de la « grande muraille de Chine » a en effet des répercussions, avec perte de paquets et diminution de la latence. Hong Kong, qui semblait jusqu'ici épargnée par la « grande muraille », connaît une forte augmentation des pertes de paquets depuis 2021.

Conclusion 4 : Le rendement entre les zones de disponibilité est très bon pour les trois fournisseurs. La latence est en effet inférieure au seuil des 2 millisecondes dans la plupart des régions. À noter que certains fournisseurs sont plus régulièrement en dessous du seuil de latence que les autres.

Conclusion 5 : Le trafic circulant entre les principaux fournisseurs de services infonuagiques est généralement acheminé directement, sans passer par Internet. Cela témoigne de la qualité des connexions entre ces fournisseurs, mais aussi du fait que les rendements entre nuages rivalisent parfois avec les rendements intranuage au sein de régions similaires.


Pour en savoir plus, lisez le rapport sur les rendements du nuage.

Créer une architecture conçue pour le rendement nuage

Si les rendements du nuage ont pris une telle importance, c'est parce que les applications modernes en dépendent. De même, les piles d'applications modulables doivent disposer d'une faible latence. Le nuage se retrouve au centre d'un réseau d'applications distribuées prenant en charge les services numériques, avec leurs interdépendances, leurs microservices et leurs API logiciel-service (SaaS). De leur côté, les responsables de l'architecture informatique s'efforcent de concevoir des services à haute disponibilité, résilients, et à faibles coûts en vue de déployer des piles d'applications multi-instances à équilibrage de charge, des modèles de réplications de données géo redondantes et des architectures multi régions. 

Les rendements du réseau nuage ne sont donc pas mesurés en se basant sur une seule métrique, mais en observant plusieurs points de données collectés à l'échelle de l'infrastructure. La connectivité entre régions, par exemple, peut considérablement varier en fonction de la métrique réseau, du fournisseur et de la zone géographique. Pour planifier les déploiements de nouvelles applications, il est essentiel de connaître les rendements des interconnexions pertinentes.

Le jeu de données utilisé dans le rapport inclut des métriques sur la perte, la latence, la gigue, la MTU, ainsi que des données sur la topologie du chemin aller et retour. Il fournit quatre catégories de mesures : pour l'utilisateur final, entre régions, entre zones de disponibilité et pour le multinuage. Les différents cas d'usage qui affectent les clients et les opérateurs d'applications nuage sont ainsi couverts.

Utilisateur final

Comme l'Internet public joue beaucoup sur les rendements des applications nuage, ces mesures fournissent deux types d'informations. D'abord, elles indiquent aux clients disposant de services de plateforme et IaaS gérés dans le nuage comment les différents emplacements des fournisseurs de services infonuagiques sont connectés au réseau Internet étendu. Ensuite, elles leur donnent des indications sur les rendements de bout en bout des chemins réseau de ces différents emplacements.

La visibilité permet aux responsables de l'architecture qui déploient de nouveaux services de répondre à d'importantes questions : « Combien de temps le trafic reste-t-il sur l'Internet public avant d'entrer sur le réseau du fournisseur de services infonuagiques? », « Les chemins Internet plus longs affectent-ils les rendements globaux? ». Même si les fournisseurs de services infonuagiques améliorent constamment leurs réseaux et leur appairage, il existe des écarts de rendement entre les régions. Connaître ces informations permet de prendre de meilleures décisions en matière de planification et de déploiement des applications.

Mesures multi zones

Le trafic entre les zones de disponibilité a été mesuré pour les trois fournisseurs nuage. Une architecture nuage multi zone est généralement utilisée pour assurer la résilience des applications. Les responsables de l'architecture déploient des piles d'applications hautement redondantes et équilibrées en charge, réparties dans différentes zones de disponibilité physiques. Lorsqu'une défaillance survient dans une zone de disponibilité, l'application reste disponible. Une conception standard de type « actif-actif » peut par exemple inclure plusieurs instances de la même pile d'applications réparties dans différentes zones de disponibilité. Les données sont synchronisées en temps réel entre ces instances. Dans ce scénario, chaque milliseconde compte, car la latence s'accumule au cours de la session de l'application.

Les fournisseurs s'efforcent généralement de ramener les délais de réponse à moins de 2 millisecondes entre les zones, mais des variations sont possibles. Grâce à ses données, ThousandEyes a pu évaluer le nombre et la nature de ces variations et des anomalies pour chaque fournisseur de services infonuagiques analysé. Nous avons constaté des variations non seulement au niveau de la latence, mais également pour d'autres critères comme la fréquence et la durée.

Mesures multi régions

Les architectures d'applications multi régions sont principalement utilisées en cas de problèmes de latence. En d'autres termes, plus le déploiement des applications et des contenus se rapproche de l'utilisateur, plus l'expérience de ce dernier est satisfaisante. Il est possible de réduire la latence des applications en rapprochant les services back-end des services front-end, et en synchronisant les données entre les régions.

Les entreprises ont d'autres motivations que les cas d'usages techniques pour utiliser la connectivité multi région. Elles peuvent par exemple avoir besoin de déployer des pods d'applications de type « actif/veille » répartis dans différentes zones géographiques, ou de stocker des données client dans une zone géographique et pas dans une autre. 

Dans ces scénarios, le rendement du réseau du fournisseur de services infonuagiques est crucial. D'après notre analyse, le rendement réseau est fiable dans les régions du nuage des marchés les plus matures, mais elle l'est bien moins dans les autres régions (notamment en Asie et en Océanie). L'analyse de ce jeu de données révèle que les fournisseurs de services infonuagiques ont optimisé leurs réseaux dans différentes régions au cours de la période de trois ans et que les fluctuations de latence sont fréquentes.

Mesures multinuage

Les applications modernes reposent souvent sur plusieurs nuages publics ou privés, soit par choix, soit en raison des dépendances aux services tiers des réseaux des différents fournisseurs nuage. Les applications qui utilisent des systèmes modulaires sont axées sur les API, ce qui standardise les communications entre API dans le flux de ces applications. Si l'API d'un fournisseur de services infonuagiques communique avec l'API d'un autre fournisseur de services infonuagiques, vous devez connaître le niveau de fiabilité et de rendement de la connectivité réseau.

Les équipes qui planifient des déploiements à l'aide de services infonuagiques ont besoin de savoir si l'interconnectivité est meilleure entre deux fournisseurs de services infonuagiques plutôt que deux autres à des emplacements spécifiques ou si les latences entre régions de différents fournisseurs répondent à leurs besoins. Nos données révèlent que le trafic circulant entre deux fournisseurs de services infonuagiques est généralement transmis directement, sans passer par l'Internet public, témoignant de l'efficacité de l’appairage entre les principaux fournisseurs nuage. Cette interconnectivité est bénéfique pour les rendements du trafic multinuage.

Principaux enseignements

Notre analyse des données nuages collectés révèle trois informations clés. Les responsables I&O doivent en tenir compte lorsqu'ils prévoient et gèrent des déploiements et des dépendances nuage.

Les problèmes de rendement au niveau des services infonuagiques sont courants. Les fournisseurs de services infonuagiques s'efforcent constamment de développer leur présence et leurs fonctionnalités à l'échelle mondiale. La maintenance de routine fait partie de leur quotidien, et aucun n'échappe aux difficultés. Les interruptions de grande ampleur ne passent pas inaperçues, mais les problèmes de rendement et de disponibilité de moindre échelle, plus fréquents, sont difficiles à repérer et à identifier alors qu'ils ont des répercussions majeures sur l'expérience utilisateur. Chaque équipe doit donc prévoir une façon de gérer les problèmes, petits ou grands, dans sa stratégie de gestion du nuage.

Les fournisseurs de services infonuagiques gèrent leurs réseaux en fonction de leurs priorités et de leurs préférences. La manière dont ils conçoivent et font évoluer leurs réseaux ne correspond pas nécessairement aux besoins de chaque client. Leurs méthodes d'optimisation et de hiérarchisation du trafic sur les réseaux partagés diffèrent également. Les responsables informatiques doivent connaître ces préférences et ces hiérarchisations, et réfléchir aux conséquences potentielles sur leur environnement. 

La stabilité n'existe pas dans le nuage. Les réseaux nuage évoluent constamment, car les fournisseurs cherchent en permanence à développer et à étendre leur infrastructure en ajoutant de nouveaux emplacements, de nouveaux services et de nouvelles connectivités. Le rendement d'un fournisseur dans une région une année donnée ne sera pas la même l'année suivante. Votre stratégie opérationnelle doit tenir compte du dynamisme et de l'évolution constante de ces réseaux. Vous devez disposer d'une visibilité permanente sur les rendements, plutôt que de n'avoir accès qu'à des aperçus ponctuels qui ne reflètent pas la situation en temps réel.


Pour en savoir plus, téléchargez notre rapport sur les rendements du nuage. Vous y découvrirez l'analyse détaillée de nos experts sur le rendement et la connectivité des principaux fournisseurs de services infonuagiques.

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